Cette proposition devait être examinée lundi en fin d'après-midi par le conseil développement de l'Union, dans le cadre de la réunion à Bruxelles des ministres des Affaires étrangères des Quinze.
Le "programme d'action" préparé par la France s'appuie sur "trois axes majeurs", "la correction des facteurs externes de destabilisation du marché" (autrement dit les subventions des pays riches), "la consolidation des filières africaines" et enfin "l'élaboration d'un cadre permettant de répondre aux effets de la volatilité des cours", selon le document de présentation obtenu par l'AFP.
La démarche européenne proposée par Paris entend répondre à "l'initiative coton" lancée par quatre pays producteurs d'Afique centrale (Mali, Bénin, Burkina Faso et Tchad), avant la conférence ministérielle de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) à Cancun en septembre dernier.
L'incapacité des pays développés et notamment des Etats-Unis, qui subventionnent massivement leur secteur cotonnier, à répondre aux demandes des pays africains avait contribué à l'échec de la conférence en braquant les pays en développement regroupés au sein du Groupe des 90.
Selon le document français, "l'enjeu des filières coton en termes de développement est vital parce qu'elles concernent 2 millions de producteurs et quinze millions de personnes parmi les plus pauvres et parce qu'elles sont très performantes, même si leur compétitivité pourrait être menacée par un relâchement des efforts de recherche et d'adaptation technologique".
La disparition de ces filières "aurait de graves conséquences en termes de paupérisation des zones rurales, renforcement de l'exode, incitation indirecte aux cultures illicite et destabilisation des pays concernés", ajoute le texte.
Dans le cadre de l'OMC, le document français demande que l'Union européenne soutienne les quatre pays producteurs africains et fasse aboutir la réforme des subventions "par le biais d'un découplage partiel entre les aides versées aux producteurs et les quantités produites".
En second lieu, il suggère de réaliser "un plan de développement durable des zones cotonnières" visant "la restructuration, la consolidation et le développement des filières coton". Il propose notamment de renforcer "l'organisation et la représentation des producteurs et des interprofessions, notamment en soutenant financièrement leur entrée dans le capital des compagnies cotonnières".
Il s'agit, dit le texte, de "promouvoir une filière coton équitable en Afrique et les conditions d'une transformation industrielle du coton au niveau régional".
Le troisième volet de l'initiative consisterait à appuyer les fonds nationaux existants de protection contre la volatilité des cours et la création de nouveaux, à "apporter un soutien à la mise en place d'un fonds d'assurance régional privé pour garantir un revenu minimum aux producteurs", financé initialement par l'UE et d'autres bailleurs, notamment les Etats-Unis.
Paris propose enfin de mobiliser les institutions financières internationales (FMI, Banque Mondiale, etc.) "afin de permettre l'adaptation de leurs modalités d'intervention à la volatilité des cours des matières premières" et de poursuive, au bénéfice des pays producteurs, le programme d'allègement de la dette des pays les plus pauvres en cas de dégradation de leurs exportations par suite d'un choc d'origine externe. |